10.6.11

Caster Semenya: une ATHLETE qui fait bouger les lignes



 La course à la peau d'orange, au bout de gras et aux poils disgrâcieux à été lancée à grand renfort d'encarts publicitaires et de messages incitant à manger 5 fruits et légumes par jour et à se prémunir contre les rayons UVA-UVB dans nos quotidiens depuis déjà plusieurs semaines.
Mais c'est à une course contre la montre, cette fois-ci, bien réélle, que s'adonnent un certain nombre d'athlètes aux quatres coins du globe, et ce, sans attendre les messages culpabilisants dont nous abreuvent les médias sur différents supports. Ceux-là n'ont pas le choix: courir c'est leur gagne-pain.







A l'heure actuelle se tiennent les jeux d'Oslo, une étape de la Ligue de Diamant. La ligue de Diamant est en fait une compétition, scindée en 14 séries, organisée par l'IAAF, la Fédération Internationale d'association d'athlétisme. Les séries, appelées aussi meetings, se déroulent en Europe, en Asie, aux Usa, au Moyen-Orient. Les athlètes sont amenés à concourir pour glaner un maximum de points, en visant bien évidemment la 1ere place. Celui ou celle qui parviendra à engranger le maximum de points, recevra un diamant de 4 carats, d'une valeur approximative de 80 000 dollars soit un peu plus de 55 000 euros. On est encore loin des salaires des footballeurs, mais tout de même plus loin du smic.

Je ne m'intéresse pas particulièrement aux actualités sportives en général. Mais dernièrement, j'ai prêté l'oreille aux annonces de Tout le Sport, alors que se tiennznt en ce moment les jeux d'Oslo. Il y était en effet dit que la tenante mondiale du titre avait une fois de plus fait une contre-performance au 800m. L'annonce ne devrait pas me toucher plus que cela, s'il n'avait été question de Caster Semenya, concourant pour l'Afrique du Sud.

Aux mondiaux d'athlétisme de 2009, à Berlin, elle avait défrayé la chronique, car on la soupçonnait de tricherie, au vu de ses excellents résultats. Et la trahison était loin d'être anodine, puisqu'on l'accusait ni plus ni moins de ne pas être une femme mais un homme, avec des "corones", de la barbe, et tout ce qui s'ensuit.

Son apparence, sa voix, ses performances ont conduit l'IAAF a émettre des doutes sur sa féminité, et cette instance a donc soumis la jeune athlète d'à peine 20 ans à l'époque à des tests de féminité. Ces derniers ont conclu que Caster était hermaphrodite, donc à la frontière des genres, quelques heures avant la finale de Berlin. Les autorités, face au dilemme, ont laissé Caster concourir, et elle a obtenu le résultat que l'on sait. Mais ce fut pour elle une victoire au goût amer puisqu' elle a par la suite été interdite de course pendant plusieurs mois.

  Je me souviens d'avoir été particulièrement choquée par le traitement médiatique de cette affaire, et par l'impudeur dont faisaient preuve les différents partis en présence. Caster était en effet humiliée et moquée de toute part pour son apparence transgenre...mais aussi pour son allure simiesque. Je m'étais insurgée contre cette attitude, et m'étais sentie presque directement visée par ces attaques. Car finalement, en Caster, c'était un peu toute noiraude, au physique ingrat, à l'allure un peu bancale, n'arborant ni lace wig, ni rajout qui était visée.  
  Et ça m'a fait penser à l'âge ingrat, à la difficile époque de l'adolescence, où je n'avais pas de style, et ne cherchais pas vraiment à en avoir. Je n'avais qu'un visage calculette, des vêtements  pas ajustés dans lesquels soit je nageais, soit j'étais sausciconnée et aux moindres faux mouvements risquais de faire céder les coutures, ah oui, et puis, deux bras, dont je ne savais jamais trop quoi faire. Cette période qui a duré 3 ou 4 ans, sur le moment m'a paru une éternité...chaque regard, chaque remarque pleine de sous-entendue sur mon apparence et mon manque d'apprêt, je le vivais comme un énième camouflet, qui venait me conforter dans mon idée que décidément, la compagnie des livres m'était plus agréable! Imaginez donc ce qu'a pu ressentir Caster dont l'identité sexuelle était remise en doute et moquée alors qu'elle n'avait que 19 ans!

En 2009, au moment de la polémique Semenya, je crois m'être aussi rappelé que les soeurs Williams avaient elles aussi, mais dans une moindre mesure, chahutées, pour leur manque de féminité, et leur jeu puissant, fougueux, presque masculin. Et on avait avancé l'idée qu'elles aient pu prendre de la créatine...ce qui n'est peut-être pas tout à fait faux.



 L'image de Séréna Williams Avant sur les Courts





Séréna Williams, après la séance de tissage, maquillage, et le changement d'"optique"

Je crois aussi me remémorer le fait que du moment où une des soeurs Williams un peu moins assidue des courts, s'est mise à porter des lace wigs, et à poser en très petite tenue, les critiques se sont faites moins vives. Et étrangement, maintenant que des photos de Caster portant perruques et make-up sont diffusées, les quolibets se font moins vifs mais tout aussi condescendants puisqu'on voit écrit deci-delà: "elle revient de loin".

Au vu de cette affaire, je crains que la crétinerie et le règne des apparences, quant à lui, n'ait encore de beaux jours devant lui!


Caster Semanya "maintenant", shooting fin 2010


la morale de l'histoire? 

Tu ne peux pas être NOIRE, SPORTIVE, COMBATIVE sans être taxée d'être un OVNI, pire un MONSTRE
Pour être acceptée, il faut en faire des tonnes dans le stéréotype opposé


        Alors pour vous: de part sa ténacité, les épreuves qu'elle a vécues, Caster Semenya mérite t elle le titre de beauté noire ou pas?

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