21.7.13

Je suis ronde et j'aime ça


Je vous vois venir à des kilomètres avec vos gros sabots...vous vous attendez à ce que je vous livre mon interprétation du kama-sutra pour femmes aux hanches généreuses, hein? Que nenni, ce sera pour un prochain post! ou pas d'ailleurs...
Je vais vous parler d'un "essai" que j'ai dévoré d'une traite ce week-end, à l'ombre des beaux tilleuls d'un jardin doré par le soleil. 

Je suis ronde et j'aime ça, Anne de Rancourt



Anne de Rancourt, à une séance de dédicace

Quoi de mieux que des lectures légères pour un été sous une chaleur de plomb? C'est un peu ce que je me suis dit en arpentant les rayonnages de ma bibliothèque municipale: du texte et du fun! Je suis tombée sur un texte au format rikiki, avec une couverture au rose acidulé et une sculpture bella-bomba (qui utiliserait probablement un 100 D si elle avait l'usage d'un soutien-gorge). Je suis ronde et j'aime ça se veut une compilation de chroniques humoristiques sur la notion de beauté et de graisse dans une société obsédée par les diktats de l'apparence et de la minceur (ayé, les grands mots sont lâchés).

Il se présente comme un texte hybride, une sorte de manuel de savoir vivre en société en présence de personnes rondelettes voire obèses, entrecoupé de saynètes de la vie d'une grosse, et d'un scénario à la bridget jones oversize qui fait plus (sou)-rire jaune, que (sou)-rire tout court.

Johanna Dray, mannequin grande taille, citée par de Rancourt page 101. Elle assume ses formes: 
100 de tour de poitrine, 46 du haut, 48 du bas.

Mon avis, l'avis d'une ronde, taille 46-48

Toccara Jones, crédits photos rolling-out.com



Ce qui se veut un panégyrique de la rondeur (et des formes assumées) force un peu trop le trait et manque, en ce qui me concerne, de sincérité et de substance (cela est sûrement du à son format si court, 114 pages).     Le tout aurait peut-être gagné en authenticité, si le texte avait pris la forme autobiographique. Ce n'est pas un témoignage que l'auteur, Anne de Rancourt, nous présente, mais plutôt une exhortation à se sentir belle avec des formes, à faire fi des critiques et du poids des conventions. Pour preuve les sous-titres de ses chapitres : "réhabilitons la grosse" p.56, ou encore "ronde c'est beau" p.71 ou "l'amour avec une ronde" p.75-80 (sans doute pour moi, le pire passage du livre).
       En soi ce n'est pas mal écrit et l'intention est louable: mettre en lumière le fait que des femmes avec ce qui peut être vu comme un surpoids, ont le droit de se sentir belle et en harmonie avec leur corps. C'est dit sur un ton qui se veut léger, ça englobe et convoque tout un tas d'exemples, de références historiques et artistiques sur la perception du corps de la femme, et des plaisirs insoupçonnés qu'il renvoie. On y convoque même le corps médical (mention spéciale page 47, car "Gérard Apfeldorfer, Jean-Philippe Zermati et Marcel Rufo sont même convoqués et bénis).

Clémentine Desseau, mannequin grande taille française, faisant carrière aux USA. Crédits photos: ouest-france

      Mais c'est justement cet aspect artistico-humoristique, cette volonté de faire sourire à tout prix à coups de calembours, qui m'a failli faire voleter dans les bosquets mon petit manuel rose. Les "bons mots" de l'auteur, moi j'ai trouvé ça  lourd, mais d'un lourd!...point trop n'en faut, Madame, pour garder un juste équilibre et un rythme de lecture endiablé. Et puis j'avoue que les références à la sculpture, à la pub et au cinéma, qui se voulaient savamment distillées (Botero, Karl Lagarfeld, Kate Moss, Orangina, Zola par l'entremise des Bougon-Dracard, au lieu des Rougon-Macquart) pour ma part, je les appréhendais comme des "néons rougeoyant marqueur de la culture générale étendue de l'auteur". Pardon c'est un peu long, pardon, je n'arrive pas à orthographier naturellement"auteure" pour faire référence à un auteur de sexe féminin. Pour moi, c'est une hérésie, c'est mon côté veille France.

   Ne vous méprenez pas, hein, je n'avais pas envie de descendre en flèche ce petit livre, mais juste d'apporter mon ressenti.

   Pas facile de me faire avaler qu'une révolution globale à grande échelle est en marche, quant à faire accepter les gros dans nos sociétés. J'ai beau avoir regardé des heures et des heures de Carmimola et son "Belle toute nue", baver d'admiration devant les photos de Tara Lyn, Toccara Jones, applaudir Stephanie Zwicky, Danièle Ahanda et toutes ces figures inspirantes de la blogosphère, moi je me trouve quand même pas glop avec mon big popotin.

crédits photos: heartandsoul.com

   Je fais quelques efforts pour ne pas m'asséner les pires insultes du monde quand je croise mon reflet dans le miroir, ou quand mon chemin croise celui d'une balance, mais le chemin de l'acceptation est long. Je pense aussi que ce qui m'a énervé dans ce bouquin c'est la tentative un peu gauche de dire qu"'être ronde c'est chouette". Ce n'est pas en soi un drame, mais c'est loin d'être fun quand on s'essouffle pour un rien, qu'on ne peut pas mettre de jupe longtemps en été, sous peine d'avoir l'intérieur des cuisses griffé à la fin de la journée, que c'est relou de s'habiller en VPC.
Il faut juste, quand on est rond, voire obèse, trouver un juste équilibre, habiter son corps, en bougeant et en le tonifiant, tout doucement, tout en ne tentant pas de maigrir de 20 kilos en 3 jours en s'affamant et en suant sang et eau sur un vélo d'appart' ou engoncé dans une combi de sudation, en pensant ressembler à Gisele Bündchen.

"Les 10 commandements" de la grosse, p.69. Ça vous inspire?

Je vous laisse avec la préface du livre, qui en soi, est déjà tout un programme:

"Je dédie cet ouvrage à celle sans qui rien ne serait arrivé, et qui, dans un réflexe de lucidité a préféré mettre fin à ses jours, lorsqu'elle a appris que plus jamais je ne suivrais de régime amaigrisssant. J'ai nommé: Ma Balance."

Je suis ronde et j'aime ça, d'Anne de Rancourt,
Préface de Claude Villers
Edition Chiflet et Cie, Paru en 2007,
117 pages

NB: Anne de Rancourt, est plus connue pour son ouvrage "Comment élever un ado d'appartement" adapté depuis pour la scène

Et vous qu'en pensez-vous? La révolution ronde, et l'acceptation de soi, est elle en marche en France?

17.7.13

Retour à la case départ



Holla chicos et chicas!

Après avoir annoncé en grande pompe il y a plus d'un an que je lançais mon auto-entreprise, m'être fièrement lancé à bras le corps dans l'aventure tout en y laissant quelques plumes, je fais un micro bilan. L'auto-entreprise c'est bien pour toi si:

  • ta/ton partenaire est le beau fils Rockfeller, reçoit une pluie d'euros, dollards, pezetas, et peut subvenir à vos besoins communs sur une période incertaine et indéterminée (le temps que ton activité décolle et que tu aies un fichier clients/prospects conséquent)
  • tu n'es pas du style à stresser, et à avoir peur de l'avenir (vraiment là, mon fils/ ma fille, je t'assures passe ton chemin, car du kilo de stress, des nuits blanches, tu vas en manger)
  • tu ne mènes pas grand train et n'a pas de gros besoins financiers
  • tu aimes te vendre, tu as une confiance en toi et en tes capacités indéboulonnable (ce qui n'était clairement pas mon cas...et oui, si tu suis le blog, tu sais que j'ai traversé un épisode dépressif assez long. Aujourd'hui, je suis encore sous traitement, mais ça va un peu "mieux")
  • tu as une idée d'activité de niche (avec peu de concurrence) sur laquelle tu pourras bien te positionner, ou bien tu as un positionnement très ciblé qui permet de te distinguer de ta pléthore d'adversaires/confrères (moi, perso je faisais/fais de la rédaction, et du site web, plus large et répandu, tu meurs)
Exemple d'activités de niche: "joueur de harpe péruvien, community manager dans l'agro-alimentaire, bloggueuse beauté ethnique, commercial pour la réfrigération de cuisine de restaurants, rampailleur de chaise, homme politique honnête, serrurier pour portes blindées, taxidermiste, bon j'arrête...
  • tu surkiffes la paperasse, les coups de téléphone aux administrations, et les hotline d'enfer
  • tu as une santé on the top (moi, j'ai un mal de dos omniprésent, et cette année, je me suis tranché un doigt....j'ai donc connu 2 putains de mois sans aucun revenus, aucune prise en charge et des factures kiné, médicaments non remboursés à n'en plus finir)
  • tu as des économies pour voir venir ou un travail alimentaire, réellement rémunérateur (pour ma part, je travaillais moins de 20h/semaine pour 500€...ma demi-part du loyer étant de 290€. Ça a été chaud patate de finir les mois, même avec des clients ponctuels de l'auto-entreprise)
Je finis ce 1er semestre 2013 sur les rotules, après m'être rongée les sangs une bonne partie de l'année, et de la précédente. Ma foi, l'année 1 est la plus difficile, mais ça me permet aussi de prendre le pouls d'une vie qui pourrait être la mienne.

J'aime pouvoir travailler de chez moi (sur mon mac ou mon pc), mais c'est compliqué en couple dans un 2 pièces d'avoir un réel espace de travail qui ne soit ni la chambre, le salon, la salle à manger, tant en terme d'espace que de temps.
En tout cas, même si la prospection de clients n'a pas été des plus efficaces, me lancer m'a permis de me remotiver pour ma recherche d'un emploi salarié, et j'ai eu 4 entretiens d'embauche ces 6 derniers mois (dont 3 sur un moi)...Truc de ouf malade pour moi, qui n'est eu qu'un entretien auparavant sur 14 mois!!!

Je suis contente d'avoir essayé de travailler en indépendant mais sous cette forme, l'activité que j'ai mise en place n'est pas viable. Je pense me radier du statut d'auto-entrepreneur, et peut-être continuer sous la forme associative, avec moins de pression, un angle d'attaque moins sérieux et plus décalé, et tout simplement donner libre cours à mon imagination.

La case est différente, les fondations sont un peu moins bancales, et la résidente essaie malgré tout de sourire.

Et vous, vous vous verriez vous lancer dans une activité en indépendant